Grotte Sainte-Anne (Tilff)

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Grotte Sainte-Anne
Porche de la grotte Sainte-Anne à Tilff.
Localisation
Coordonnées
Pays
Belgique
Province
Vallée
Vallée de l'Ourthe
Localité voisine
Caractéristiques
Longueur connue
1 542 m
Dénivelé
+35 m
Type de roche
Cours d'eau
Rivière souterraine
Occupation humaine
Aucune
Découverte
Fortuite, suite à un tir de mine dans une carrière voisine, en 1837
Patrimonialité
Oui
Géolocalisation sur la carte : province de Liège
(Voir situation sur carte : province de Liège)
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)

La grotte Saint-Anne est située en rive droite de l'Ourthe, le long de la route nationale 633 entre Tilff et Méry, sur le territoire de la commune d'Esneux, en Région wallonne, dans la province de Liège en Belgique.

Elle a été creusée par une rivière souterraine que l'on peut remonter sur quelques centaines de mètres jusqu'au siphon amont alimenté par les eaux provenant de la grotte de la Chawresse et du trou des Manants. L'étage inférieur encore actif est aquatique et parfois difficilement praticable par hautes eaux. Les étages supérieurs abandonnés par la circulation de l'eau sont "fossiles". C'est une grande classique de la spéléologie en Belgique et l'une des plus fréquentées par les spéléologues.

Description[modifier | modifier le code]

Le porche d'entrée, où d'anciennes concrétions sont visibles, mesure 4 à 5 m de hauteur, sur 10 m de large et une quinzaine de mètres de profondeur. Il donne accès en contrebas à la grotte. La cavité parcourue par une rivière souterraine possède un développement total de ± 1542 m pour un dénivelé remontant de 35 m[1]. La grotte présente quatre étages superposés correspondant aux différentes terrasses de la vallée de l'Ourthe formées au fur et à mesure que le lit de la rivière s'enfonçait dans le substratum rocheux avec l'érosion[2],[3],[4]. Les eaux de la rivière souterraine résurgent à plusieurs endroits dans l'Ourthe. La grotte se trouve à une vingtaine de mètres au-dessus de la route, en contrebas d'une grande dalle calcaire inclinée portant le même nom et fréquentée pour l'escalade et les entraînements aux techniques de spéléo-alpine.

Géologie et hydrogéologie[modifier | modifier le code]

La grotte Sainte-Anne se développe dans les calcaires Frasniens, une roche sédimentaire formée par les dépôts carbonatés (fossiles : stromatopores, crinoïdes…) d'une mer tropicale, il y a 370 million d'années)[5]. Le Frasnien constitue le premier étage géologique du Dévonien supérieur durant l'ère Paléozoïque[6]. La grotte se situe sur le flanc nord d'un synclinal (plissement concave en forme de U)[7]. La rivière souterraine est alimentée par les pertes successives du ruisseau de la Chawresse qui prend sa source bien en amont sur le plateau de Beaufays. Sa résurgence, en différents endroits situés en rive droite dans l'Ourthe, n'apparaît pas directement à l'air libre, mais se situe sous le niveau de l'eau de la rivière, sauf en temps de crue[5].

Historique[modifier | modifier le code]

C'est en mars 1837, après un tir de mine dans une ancienne carrière avoisinante que des ouvriers carriers mirent au jour l'entrée de la grotte de Tilff.

Au début du 20éme siècle, elle est aménagée en grotte touristique, mais est déjà fortement abimée par le passage des trop nombreux visiteurs peu attentifs à la protection du patrimoine souterrain[5].

En 1962, Étienne Lemaire, fondateur du Groupe d'Activités Spéléologiques (GAS), découvrit le réseau supérieur de la grotte en franchissant la célèbre « Boîte aux Lettres »[8]. Cette étroiture, assez sélective, où coule un filet d'eau, donne accès au réseau "Lemaire" et à un lac suspendu d'une dizaine de mètres de profondeur, entouré de jolis gours.[1],[5]

Accès[modifier | modifier le code]

L'entrée de la cavité, qui fut exposée par le passé à de multiples dégradations causées par des visiteurs peu respectueux du monde souterrain, est protégée depuis 1991 par une porte munie d'un cadenas géré par l'Union Belge de Spéléologie (UBS). Déclarée grotte-école par l'UBS, la grotte Saint-Anne est régulièrement visitée par des groupes de jeunes qui s'initient à cette activité, encadrés par des spéléologues confirmés[5],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Caving in Belgium: The Belgian cave guide – Grotte Sainte-Anne – Tilff (No. 23) », sur scavalon.be. (not secure site still in http)
  2. Camille Ek, « Les Terrasses de l'Ourthe et de l'Amblève inférieures », Annales de la Société Géologique de Belgique, Liège, Belgique, vol. LXXX,‎ , B333–B353 (ISSN 0037-9395, lire en ligne, consulté le )
  3. Camille Ek, « Conduits souterrains en relation avec les terrasses fluviales », Annales de la Société Géologique de Belgique, Liège, Belgium, vol. LXXXIV,‎ , p. 313–340 (ISSN 0037-9395, lire en ligne, consulté le )
  4. Camille Ek, « La genèse d'une cavité polycyclique. La grotte Sainte-Anne à Tilff (Belgique) », Rassegna Speleologica Italiana, Côme, Italie, vol. 14, no 3,‎ , p. 224–232 (lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d et e Jean-Claude London et Laurence Remacle, « La grotte Sainte-Anne à Tilff », sur Calaméo (consulté le ).
  6. Léon Dejonghe, « Guide de lecture des cartes géologiques de Wallonie [2008] (papier) », sur Ediwall, (consulté le )
  7. Camille Ek, Laurent Barchy, Jean-Marc Marion et Roger Vandenvinne, « Balade géologique le long de l'Ourthe, de Liège à Comblain-au-Pont », Balade Géologique, Namur, Belgique, Ministère de la Région wallonne, DGRNE,‎ , p. 1–84 (lire en ligne, consulté le )
  8. « In memoriam Étienne Lemaire » [archive du ], sur cabbrabant.com, .
  9. Union Belge de Spéléologie, « Sainte-Anne » (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Collectif (1986). Actes du colloque d'étude des phénomènes hydrologiques du vallon de la Chawresse, Maison de la Spéléologie, Liège, oct. 1986.
  • Dubois, Yves (1993). « La grotte Sainte-Anne (Province de Liège, Esneux) », Regards – Bulletin de l'Union Belge de Spéléologie, 13, p. 5–14.
  • Vittoz, Jean-Claude (1994). Regards 16 – Bulletin de l'Union Belge de Spéléologie.

Liens externes[modifier | modifier le code]